Historique : l’œuvre d’une grande dame
Une association
« ouverte à tout le monde, ouverte sur le monde »
Provence Formation dispose actuellement de 7 établissements scolaires privés sous contrat d’association avec l’Etat qui dispensent un enseignement technologique et professionnel, de 4 centres d'enseignement supérieurs privés et un centre de formation d'apprentis :
- Lycée professionnel et unité de formation d'apprentis Edmond Rostand à Marseille 13006
- Lycée polyvalent et centre d'enseignement supérieur Marie Gasquet à Marseille 13012
- Lycée professionnel Charlotte Grawitz à Marseille 13013
- Lycée polyvalent, centre d'enseignement supérieur et unité de formation d'apprentis Célony à Aix en Provence
- Lycée professsionnel et centre d'enseignement supérieur Brise-Lames à Martigues
- Lycée professionnel et centre d'enseignement supérieur Le Rocher à Salon de Provence
- Lycée polyvalent, centre d'enseignement supérieur et unité de formation d'apprentis Caucadisà Vitrolles
Provence Formation est une association loi 1901 créée et déclarée par Charlotte Grawitz
( 1903-1998) le 13 février 1932 , publiée au Journal Officiel du 21 février 1932.
Les statuts de Provence Formation établissent, article 2, que : « l’association a pour objet la promotion sociale et professionnelle par l’enseignement et la formation ». Ils précisent dans l’article 3 que « les moyens de l’association sont notamment la création et la gestion d’établissements, l’organisation de sessions, la diffusion de documents, ainsi que tous les autres moyens concourant sous les formes les plus diverses à la réalisation de l’objet social ».
L’association définit son projet associatif à partir des valeurs de Charlotte Grawitz :
- Le respect et la dignité des personnes
- L’épanouissement de la personnalité de chacun
- L’éducation à la responsabilité, à la citoyenneté
- L’élan de la solidarité
En 2006 des élèves de Provence formation ont rendu hommage à Charlotte Grawitz en réalisant son portrait façon Andy Warhol ce qui souligne l’éternelle jeunesse des valeurs laïques qu’elle portait ainsi sans doute que leur universalité et leur pertinence dans le contexte de la grande métropole méditerranéenne, carrefour privilégié de peuples, de cultures, d’économies et de religions, qui vaudra à Marseille- Provence 2013 d’être désignée capitale européenne de la culture. Ces valeurs ne font –elles pas échos aux mots d’Albert Camus – c’est sous son égide que fut placée la candidature pour la capitale européenne de la culture - évoquant un héritage humaniste et démocratique qui a marqué depuis vingt six siècles l’histoire de ces lieux : « L’ignorance reconnue, le refus du fanatisme, les bornes du monde et de l’homme, le visage aimé, la beauté enfin, voici le camp où nous rejoindrons les Grecs »
Plusieurs dates marquent l’histoire de l’association :
- En 1932, mademoiselle Charlotte Grawitz, âgée de 29 ans, crée le Centre Familial Ménager, boulevard de la Blancarde. L’objet de l’association est la formation sociale et professionnelle des jeunes par l’enseignement et la formation. A cette époque, Mlle Grawitz demandait aux chefs d’entreprise de libérer les jeunes femmes quelques heures par semaine pour qu’elles soient initiées aux charges de maîtresse de maison et de mère de famille. Après 1936 naît la formation ménagère à temps plein ou en cours du soir ; au moment de la guerre ces formations permettront de déboucher vers un emploi rémunéré. L’établissement Célony est créé à Aix.
L’aventure de Provence Formation est bien lancée.
- avril 1936 : ouverture de Marie Gasquet
- mars 1938 : ouverture de Edmond Rostand (anciennement Saint Jacques) et de Célony
- mai 1942 : ouverture de La Vigie à la Mazarde puis à la Maurelette
- septembre 46 : ouverture du Rocher et de Brise Lames
- 1963 : transformation et regroupement progressif des Ecoles Ménagères en Ecoles techniques puis en lycées d’Enseignement Professionnel en contrat d’association avec l’Etat
- 1971 : Le Centre Provençal d’Enseignement Ménager prend le nom de Provence Formation
- septembre 1975 : ouverture des Abeilles (Ch. Grawitz) et de Caucadis
- septembre 1991 : installation de Marie Gasquet dans ses nouveaux locaux
- septembre 1995 : achat du couvent des Abeilles dont l’association était locataire
- 1996 : création de l’association Sud Formation regroupant Provence Formation, La Cadenelle, l’Association Médico-Sociale de Provence, toutes trois crées par Charlotte Grawitz et Formation & Métier qui partage les mêmes sensibilités.
- 1997 : déménagement de Brise Lames sur les hauteurs de Martigues
- 26 juin 1999 : le lycée Les Abeilles fête son nouveau nom : Charlotte Grawitz
- 2007-2008 : achat puis rénovation complète de Célony, ancien couvent de Notre Dame de la Seds
- 2012 : Fusion du Lycée La Vigie avec le Lycée C.Grawitz
- 2013 : Travaux d'extension et de modernisation du Lycée C.Grawitz....
Charlotte Grawitz 20 juin 1903- 10 octobre 1998
Charlotte Grawitz est née au sein de la grande bourgeoisie marseillaise. Elle est issue de deux familles de différentes origines : l’une polonaise protestante par son grand père paternel, l’autre marseillaise par son grand père maternel, fondateur en 1881 de la Compagnie Française de Navigation, Cyprien Fabre. La famille Grawitz vit à la Cadenelle dans un parc de dix huit hectares sur les hauteurs de la Corniche.
Plusieurs bâtiments sont implantés sur ce terrain dont le château et une petite maison « La villa des pins » qui deviendra plus tard le lieu d’habitation de Charlotte. Sa position sociale lui a permis tout au long de sa vie d’utiliser ses relations sociales dans le seul but d’aider les jeunes en difficulté.
Elle disait : « il faut que les jeunes se sentent aimés pour ensuite aimer les autres »
Elle disait : « il y a un chemin pour chacun »
En octobre 1996 l’association Sud Formation (aujourd'hui Association Charllotte Grawitz) éditait un bulletin , Le Trait d’Union, contenant une portrait de Charlotte Grawitz réalisé par Constant Vautravers, dont voici des extraits :
Dans sa maison sur le versant de la colline, Charlotte Grawitz voit les choses de haut. Derrière les géraniums fleuris, par delà les buissons et la ramure des pins qui rappellent La Cadenelle d’antan, elle entrevoit la Méditerranée, la mer « toujours recommencée » selon la belle expression de Paul Valéry, mais toujours elle-même à travers l’incessant mouvement des vagues qui reconstruisent autant de changeants paysages. Il y a là une manière de symbole. Immuablement fidèle à sa foi, aux principes hérités de son enfance, à une vocation au service des autres, Charlotte Grawitz n’a pas cessé de susciter, d’animer des initiatives dont nous voyons aujourd’hui les fruits.
A la découverte de l’action sociale
L’aurait –on cru de cette jeune fille enjouée et cultivée, qu’on voyait s’épanouir parmi les siens, qu’on imaginait un jour épouse et mère heureuse ? Mais voilà ! Vers 18-19 ans Madame Desbief lui demande un service. Cette représentante de la bourgeoisie marseillaise s’occupe d’œuvres ; elle a fondé, rue Estelle, un « restaurant féminin » (à cette époque, en 1925, c’est une innovation sociale). Pour faire fonctionner cette création, elle a besoin de bénévoles. Charlotte voudrait –elle avec une petite équipe d’autres jeunes filles, s’occuper chaque mercredi, de l ‘accueil des arrivantes et du service des repas ?
Charlotte accepte. Ses « clientes », ce sont des employées de bureau, des vendeuses de magasin, des cousettes ; elles sont là pour quelques courtes heures mais Charlotte imagine vite qu’on pourrait améliorer leur accueil et l’utiliser pour un autre service. Au fond du jardin où l’on se détend un moment, se trouve une salle inoccupée.
Promptement aménagée elle devient une sorte de lieu de formation improvisée. Charlotte et ses amies y donneront des cours d’orthographe, de français, voire d’anglais. Pour Charlotte Grawitz c’est aussi la découverte des problèmes de l’action sociale. Certes, elle avait auparavant fréquenté la Croix Rouge. « Mais, dit- elle, cela ne concernait que la santé. Le social allait beaucoup plus loin »
De la rue Monsieur à la rue Saint Jacques
Ni une, ni deux, elle en parle à sa mère. Elle a besoin de combler cette grosse lacune. Où apprendre ? Elle s’inscrit à Paris à l’Institut de la rue Monsieur. Le milieu industriel emploie beaucoup de personnel féminin point toujours très à l’aise parmi les ouvriers et la maîtrise de production qui sont tout sauf féministes.
Puis c’est la rencontre avec Mademoiselle Agnès de Jesse-Charleval. Cette dernière joue un rôle social important dans l’accueil et le soutien de mères en difficulté, de mamans célibataires, de futures mères à l’abandon. Ces pensionnaires provisoires de son organisation, « leNid », Agnès de Jesse voudrait profiter de leur séjour pour qu’on leur enseigne un rudiment d’organisation et de pratique ménagère familiale. C’est Charlotte qui s’en chargera en compagnie de Mademoiselle Chancel.
Cette action pourrait s’étendre, devenir un véritable enseignement. De fait, quelques années plus tard les deux fondatrices installent un centre d’enseignement ménager rue Saint Jacques. Et pourquoi se limiter à Marseille, dès lors que le besoin de cet enseignement privé se fait sentir ailleurs ? La rue Saint Jacques « marche bien »et s’étoffe. Toutefois pour se lancer dans l’aventure de l’expansion, Charlotte Grawitz doit trouver un support. Elle sollicite toutes ses relations dans la société marseillaise et en juillet 1932 est constituée l’association « Centre Provençal d’Enseignement Ménager » dont les premiers présidents sont des industriels connus, Antoine Boude et Emile Regis, président de la Chambre de Commerce.
Il en sera ainsi toute sa vie. Evoquer ses diverses initiatives, c’est évoquer immanquablement celles et ceux qui, derrière elle, avec elle ont soudain le besoin de se dévouer au service des autres. Tantôt par un hasard bienvenu, tantôt par le bon choix d’un recrutement de qualité, tantôt peut être aussi par la rencontre imprévue d’une sorte de vocation. Si bien que notre interlocutrice ne cesse pas de mettre en avant les parrains attentifs , les collaborateurs sans qui, assure t-elle, « aucun projet n’aurait pu se réaliser et se poursuivre au long des années »
Le Centre Provençal d’Enseignement Ménager a vu son équipe d’enseignants et de monitrices se renforcer : recrutement local « où j’ai eu la chance de faire de bons choix », mais même régional. « J’avais en Gabrielle Icard un remarquable professeur ; c’est elle qui m’a suggéré d’aller en Avignon recruter notre Mademoiselle Gros dont je n’ai pas besoin de souligner le long dévouement et l’efficacité ».
Plus loin encore, Charlotte s’adresse à l’Institut de la rue Monsieur dont plusieurs enseignants viennent périodiquement donner leurs cours au Centre. Là-dessus, la guerre, la défaite, la France coupée en deux zones. Privé de ses professeurs parisiens, le Centre n’en continue pas moins à se développer, bientôt à l’étroit avec des effectifs accrus d’élèves. Sur la proposition de son beau –frère Théo Lombard, le château de la Cadenelle accueille à l’aise tout ce monde. En raison de son succès, c’est sous ce nom que le CPEM sera désormais connu. Quand le gouvernement de Vichy organise l’Enseignement technique, l’Ecole de la Cadenelle y est intégrée. La formation qu’on y dispense est si efficace qu’elle attire l’attention de l’inspectrice nationale de l’Enseignement technique, Mademoiselle Simonin. Pour étoffer valablement son corps d’inspecteur, elle n’hésitera pas à demander à la Cadenelle de lui « céder » sept professeurs.
Aux animatrices de la maison, on demande toujours quelque chose. Cette fois il s’agit de fillettes et de jeunes filles plus ou moins abandonnées ou retirées à leur famille par décision des autorités. « Prenez les en charge ! » ; Ainsi fonctionnera pendant plusieurs années durant, la « villa Marie » sur la Corniche.
Le Centre Provençal d’Enseignement Ménager a déjà entamé son essaimage dans la région, créant de toutes pièces des écoles calquées sur la Cadenelle et ses formations familiale et ménagère – le grand besoin du moment. La fondatrice les a voulues ouvertes et totalement neutres. Elles auront des destins différents au fil des années mais après un demi-siècle, huit continue à fonctionner sous le nom de Provence Formation. (…)
Plus loin que l’enseignement
Un autre aspect de cette débordante activité liée à un permanent esprit de service se situe dans le domaine de la formation prodiguée aux handicapés. Encore une fois, on a demandé à l’animatrice de la Cadenelle de venir en aide à une maison du Rouet où trois religieuses âgées continuaient à s’occuper de femmes handicapées. Appel entendu ; bientôt naît l’Institut médico-pédagogique du Rouet rapidement suivi d’autres créations semblables (…) les Instituts sont maintenant regroupés dans l’Association Médico-Sociale de Provence.
Depuis maintenant une cinquantaine d’années l’école de la Cadenelle, tout en gardant ce nom emblématique, a quitté sa colline originelle. Totalement installée aux Caillols, elle s’intitule Institut Cadenelle Marseille Provence, dénomination plus conforme à ses activités.(…)
Mademoiselle Grawitz se réjouit de ces développements, elle qui est toujours présente dans les conseils d’administration. « Mais je ne suis qu’une animatrice, je n’ai jamais voulu être directrice, encore moins présidente de quoi que ce soit ! Ma grande chance est d’avoir pu choisir les personnes de valeur capables de mener à bien les actions. J’ai fait confiance ».
Et rien n’est jamais achevé…
Cependant dans sa maison sur la colline, elle est comme le veilleur à l’affût des évolutions et des améliorations à proposer. Charlotte Grawitz sait que rien n’est jamais achevé, que le repos qu’on lui impose n’est pas immobilité. Au soir de sa vie, elle a le même accueil simple et direct, le même regard amical et lucide, la même voix nette qu’autrefois.
Au total Charlotte Grawitz a ouvert plus de 90 écoles dont 50 publiques et 40 privées. Depuis 1955 ces écoles sont regroupées au sein de Provence Formation, de l ’AMSP et de l’Institut Cadenelle. Tels sont les jalons d’un long et magnifique parcours.
Le 14 novembre 1981 CharlotteGrawitz a vu son œuvre récompensée par la remise de la Légion d’honneur. En 1990 elle a été promue au grade d’Officier.
La Fondation Charlotte Grawitz, au sein de la Fondation de France, finance chaque année des activités extra scolaires réalisées dans les établissements de Sud Formation (aujourd'hui Association Charlotte Grawitz).